Deux secondes, hein

Posted by on Avr 11, 2012

C’est preeeesque prêt.

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Les chutes

Posted by on Jan 25, 2012
Les chutes

Les gens qui dorment sur leur table, à la bibliothèque : j’ai envie de les réveiller pour leur demander des explications, un peu comme j’ai envie, parfois, d’arrêter les conducteurs de Porsche Cayenne pour savoir ce que ça fait d’être un gros con.

Headline du jour, les finalistes : « Sarkozy se réjouit de la fermeture de Megaupload » et « Bayrou exhorte « les petits et les obscurs » à résister »

Ami piéton, quand tu décides de traverser n’importe où, ce serait bien que tu te préoccupes de savoir si tu vas te faire rouler sur la gueule avant le moment où tu es sous mes roues.

A challenger appears: Maroc: « La météorite retrouvée en 2011 était d’origine martienne »

Les ingénieurs.

En TAL, les résultats ont l’air plus réalistes quand ils ne sont pas bons.

« Les chercheurs ont commencé par rendre de jeunes souris obèses en leur prodiguant un régime gras et sucré type «pizzas-sodas».  »

Par moments je crains de devenir raciste ou idiot.

Les ingénieurs.

« Voici en pièce-jointe les documents de 34 349 mots à traduire  :
–  a partir de German vers French.
Merci de noter que nous n’avons que la version PDF disponible. »

Duel de spasmes psychotiques entre mon voisin d’en face et moi. Putain on est con-cen-trés. En temps normal, je serais confiant, mais là j’ai un peu peur de lui depuis que j’ai repris le câble Ethernet.

« Comprendre le harcèlement à l’école en 3 minutes »

Très utile, décidément, ce résumé de l’esprit français (« D’accord, ça marche en pratique, mais est-ce que ça marche en théorie ? »)

Le découragement, c’est de me rendre compte qu’il faudrait aussi que j’apprenne Java, et l’espagnol, et à dessiner. Et la musique.

« Attention : ce train a pour direction. »

Je pense qu’il est devenu mon ennemi intime quand je l’ai vu mince alors que j’étais gros, absolument pas gêné par sa sale gueule, cabotinant jusqu’à me faire frémir de honte projetée, l’air satisfait, sûr de lui et de son avenir, courtisant ses maîtres avec des résultats visibles, quand mes principes et ma rigidité m’avaient amené à rien, au vide, à crever la gueule ouverte.

Avant d’oublier : je propose l’idée de théâtre sonore pour les employés de call-centers, à l’image de la compagnie de théâtre situationniste pour les caméras de surveillance. C’est un public captif, puisque c’est leur travail d’écouter. La conversation peut être enregistrée : c’est la chance d’être repéré par un producteur ! L’implication du spectateur est complète, l’interactivité est totale. C’est du théâtre, c’est la vie. Il faut un phreaker old school pour éviter d’avoir à payer les communications, par contre, sinon ça revient cher.

Le soin fanatique que met l’INA à placarder partout sa nouvelle identité, qui a dû lui coûter très cher, alors que c’est juste un putain de carré vert.

Ne pas me laisser piéger par la logique des ingénieurs – il n’y a pas d’obligation morale à maîtriser chaque technique à fond, en connaître l’histoire et l’évolution et que sais-je encore, avant d’avoir le droit de l’utiliser. La technique est un moyen vers un but. On a le devoir d’être injuste, peu efficient, ignorant, si ça rapproche du but.

« Fistuleuses au Mali : Le temps de l’espoir »

Mes amis, eux, sont suffisamment bien élevés pour ne pas faire de Reply All.

« Regarde, chérie : il va mettre une plombe à télécharger mes mails, c’est trop mignon ! »

« Lorsque l’on invite un professeur étranger, il serait souhaitable de rentabiliser sa venue en le faisant participer à deux thèses par exemple et en lui faisant donner une conférence. »

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Epilogue :

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Éclatement de la bulle spéculative

Posted by on Jan 5, 2012

bento box

Cette fois, j’ai pris avec moi les cinq pellicules, fermement décidé à les faire développer en rentrant à Paris. Mes efforts pour oublier complètement ce qu’elles contenaient ayant porté leurs fruits, il est temps de savoir.

Elles m’ont toujours mis mal à l’aise. Au début, je me souviens, elles étaient trop récentes. Pas assez de distance, une promiscuité temporelle intolérable. J’avais besoin de temps pour consolider mes souvenirs avant d’être prêt à affronter leur objectivation. Alors je les ai laissées là, chez mes parents, avec l’espoir qu’elles sombreraient bientôt dans l’oubli.

En tant que bourreau, je suis de l’école ‘Petit poucet’ : pas de confrontation. Je préfère abandonner les choses à leur sort et laisser la nature faire son office. Enfant, j’enfermais déjà dans les entrailles de mon pupitre les choses que je ne voulais plus voir, les lubies devenues encombrantes, les bibelots cassés ou soudain odieux. C’est ce que j’ai fait avec les pellicules. Je les ai fourrées dans un tiroir pour qu’elles s’y perdent. C’était le tout début des années 2000.

(Adulte, j’ai fait un système de cette triste habitude. A Rouen, mon bureau disposait d’un placard de l’oubli, où s’entassaient les cadeaux médiocres, les bouteilles vides que j’aurais eu trop honte de jeter d’un seul coup, les cahiers pleins qui attendent secrètement que je revienne les ouvrir, mais plus une seule pellicule, les pellicules ça n’existe plus. Bref.)

Quand il est devenu clair que je ne reviendrai plus vivre chez mes parents, disons vers 2003, il a fallu vider ma chambre. J’ai eu un préavis de six bons mois pour me faire à l’idée mais, l’été venu, il n’était plus question de repousser l’échéance. Alors j’ai pris mon courage à deux mains. En quelques jours, j’ai décroché tous les posters et vidé tous les tiroirs et toutes les boîtes, et jeté de grands sacs pleins de paperasse en me lamentant tout du long sur la marche assassine et scandaleuse du temps.

C’est à ce moment là que je suis retombé sur les pellicules. Je crois que je savais encore à peu près ce qu’elles contenaient, à l’époque. J’ai été une nouvelle fois incapable de les jeter. Elles sont restées dans le tas des choses que je n’arrivais pas tout à fait à mettre à la poubelle.

A un moment des années qui suivirent, quelqu’un – je soupçonne mon père – a rangé les petites boîtes noires dans une serre miniature, au milieu d’idoles cycladiques ramenées d’un voyage en Grèce. Elles restaient là, bien alignées sur l’espèce de petite estrade où je faisais pousser des cactus, enfant. Je les trouvais désuètes, menaçantes à force d’obstination. L’argentique c’est dépassé, les filles. Disparaissez donc, jetez-vous à la poubelle à la première occasion. Vous devriez avoir honte. Elles ne se décourageaient pas. Et moi, je n’arrivais toujours pas à me décider à les regarder.

Ces petits cylindres en plastique contiennent à la fois l’infini des possibles et l’horreur déterministe — la vie. Je ne sais plus ce qu’il y a dessus, mais je sais que ce sont mes photos. Elles seront ratées, horribles, les gens seront laids et oubliés, et ce sera ma faute et ce sera comme ça, un témoignage irréfutable qui viendra contredire mes souvenirs, et je n’aurai rien à répliquer.

Un mouvement interrompu n’a pas de sens, un instant raboté et figé est un mensonge affreux, et pourtant on ne peut pas lutter contre les photos — alors qu’elles mentent, ces petites connasses obséquieuses, ces fayottes, elles déforment tout, écrasent tout, enlaidissent tout, avec leurs lentilles aplatissantes et leur lumière implacable. Assises au premier rang, elles dénoncent, d’une voix nasillarde, tous ce qu’elles arrivent à capter de laideur et d’imperfection. « Mâ-daaaame, y a Jessica qui a un gros bouton sur le front ! C’est im-monde ! Mâ-daaaaaaaame, y a Jean-Jacques qui transpire sous les bras ! Beurk ! Et Lionel qui regarde le décolleté de Marjorie ! Et Vivien qui… »

Il y a une institutrice en nous à qui les photos parlent et qui sent bien qu’elles nous manipulent, mais elle a d’autres chats à fouetter, la pauvre, alors elle accepte leurs fourberies.

Les souvenirs, à l’inverse, sont d’aimables cancres. Ils brillent à la récré, tout le monde les aime bien, mais le jour de l’interro ils flanchent. Ca ne les dérange pas plus que ça. Ils vivent dans leur bulle, à l’abri des jugements péremptoires de la réalité mesurable.

A lire sur NO ΛΟΓΟΣ, Échec de l’option diplomatique.

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Photo : nomsaleena

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Les rêves électriques

Posted by on Nov 26, 2011

Mardi 22 novembre, j’ai eu l’occasion de refaire une intervention sur le thème de l’architecture procédurale, toujours à l’ENSAV, et toujours à l’invitation de mon ami Fabien Duchêne.

Pour l’occasion, j’ai un peu dépoussiéré les slides du début de l’année. Par rapport à la version précédente : quelques nouveaux exemples, et une progression que j’espère plus fluide.

Bonne lecture.

Merci @frglme de m’avoir fait découvrir le travail de Ross Racine

ø

Illustration : ADA, par Karina Smigla-Bobinski

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Hier

Posted by on Nov 10, 2011

Paris, RATP/ station " Croix Rouge " installation "  X , l'enfer de la BnF " par L. Ungerer / C-Album nuit du 15 déc. 2007

Hier j’ai vu :

– une fille toute de gris vêtue et avec le cul au moins aussi plat que le MacBook Air qu’elle gardait au bras ; elle faisait l’impression de ces gens ressemblant furieusement à leur chien.
– un Américain sidéré par la taille de la BnF. « I just can’t believe this whole thing is a library », répétait-il.
– un Chinois achetant un Vertu. Le petit écran de la caisse enregistreuse était poussé dans ses derniers retranchements par le prix à afficher.
– un clochard qui m’a demandé si je cherchais, avec mon iPad, le moyen de nous débarrasser de Claude Guéant.
– un policier chargé de la circulation, au bout du pont Saint-Michel, qui, à chaque passage au vert du signal piéton, manquait d’être emporté ou piétiné ou renversé, en tout cas compromis dans son intégrité, tant au physique qu’au symbolique ; il semblait très las.
– une doctorante italienne attendant nerveusement devant son (très beau) poster que quelqu’un vienne lui parler, tandis qu’au panneau d’à côté, un jeune chercheur grand et musclé faisait le plein de quadragénaires japonaises enthousiastes.
– ce que j’ai d’abord pris pour l’embryon du mouvement Occupy la Bourse – en fait une quinzaine de personnes qui hésitait sur le choix d’un restaurant.
– le crépuscule sur la rue Montmartre.
– un universitaire qui a fait toute sa communication avec deux slides, pour un total de 37 mots – conclusion : ça dépend des points de vue.

ø

Photo : Vincent Desjardins

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La suite

Posted by on Oct 6, 2011
La suite

http://www.flickr.com/photos/iboy_daniel/79150576/

Il paraît que plus personne ne lit de blogs :

I’ve noticed something.

No one is reading blogs anymore.

This blog still gets around 6,000 hits a day, but I suspect most of those are Google search results or people clicking through their reader by default. Not actually reading.

You don’t read blogs. I don’t read ’em. No-one does.

Which is great news.

Je suis bien d’accord, c’est une excellente nouvelle — on va peut-être pouvoir se détendre un peu, par ici.

Je vais essayer de faire simple. Avec toute l’affection que j’ai pour vous, chers lecteurs (je pense que je vous connais tous les six par votre prénom, depuis le temps), je dois néanmoins vous avouer que je ne suis pas tout à fait satisfait. Rassurez-vous, ce n’est pas vous, c’est moi

Chaque post me demande un effort important. Des soirées entières à écrire, relire, corriger, GOTO 10. Et je ne suis pas content du résultat. Trop long pour du pop corn, trop court pour être vraiment consistant. Trop désinvolte pour être pris au sérieux, trop chiant pour séduire. Je fais de mon mieux, hein, mais souvent ça se sent que personne ne me relit avant publication et que je fais tout moi-même. Je sais bien que ça aurait été mieux si j’y avais passé plus de temps — oui mais, voilà, j’y passe déjà beaucoup trop de temps *pour un blog*.

A l’arrivée, quand enfin le post est fini / illustré / mis en page, je dois encore me battre pour l’attention du lectorat, au beau milieu d’une foule invraisemblable d’articles excellents et/ou racoleurs postés en permanence sur twitter, le tout sans être capable de donner une ligne éditoriale claire à ce site, ou même juste un putain de thème, une description, n’importe quoi.

Autant vous dire que mes efforts, pour être courageux, ne sont guère payés en retour. Je commence à être un peu las.

Il y aurait bien une solution : franchir le pas. Arrêter de minauder, ni dedans ni dehors, et faire enfin exactement ce que je veux, c’est-à-dire une revue. Hors du web, loin. Sur du papier.

Après de multiples tentatives avortées (toi à qui j’ai promis monts et merveilles, ces dernières années et à maintes reprises : pardon), celle-ci sera la bonne.

Début 2012, on se retrouve ici même pour le lancement de BRUTAL, le zine de NO ΛΟΓΟΣ.

Soyez prêts.

ø

Quote : Noisy Decent Graphics — No one is reading anymore

Photo : Doug Wilson

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Le régime

Posted by on Sep 11, 2011

hyperconnected in the days of telegraphy

Ca fait à peine cinq semaines, et j’ai l’impression d’avoir déjà tout entendu. De « C’est quoi le plan, t’es décroissant ? T’as trouvé Dieu ? » à « Mais, euh — pardon de demander, hein — mais pourquoi ? », jusqu’à « Le principal c’est que tu sois en accord avec toi-même, j’imagine. »

C’est vrai que j’ai un peu de mal à m’expliquer. J’évoque l’angoisse affreuse qui avait fini par m’étreindre à chaque *bzzt* annonçant un mail ou une notification push quelconque ; mon incapacité à passer une heure au bar sans aller checker twitter en douce, généralement plusieurs fois de suite, et la honte que j’en concevais ; et puis surtout, plus profondément, ce sentiment d’urgence, de frénésie permanente qui ne me quittait plus et menaçait de m’étouffer.

[Je passe sur mes difficultés croissantes à lire un texte de plus de 500 mots, c’est une question de pudeur. Quand on arrête de fumer, on ne raconte pas qu’on n’en peut plus de cracher d’ignobles glaviots marrons toutes les six heures. Ca va sans dire.]

Du point de vue de tous ceux qui font de leur smartphone un usage moins coupable, mon geste est absurde, et en tout cas empreint d’un snobisme ridicule. Je surprends des regards de pitié lorsqu’ils me voient lutter avec un vieux Nokia ou sortir de mon sac un plan de Paris (« Un plan ! En papier ! Mais quelle idée ! ») — et encore, ils n’imaginent pas le temps qu’il m’a fallu pour recopier leurs numéros et adresses dans deux petits répertoires.

Dans mon cahier, au moment de franchir le pas, j’avais noté :

« Peut-être qu’il faut simplement dépackager l’offre de la modernité. Retrouver un bête lecteur mp3 et un agenda, et la déconnexion, et du papier. Il ne s’agit pas de revenir en arrière. Il n’y a jamais eu de moment confortable. »

À lire sur NO ΛΟΓΟΣ, La Grande Bouffe.

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Illustration : ‘hyperconnected in the days of telegraphy

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La Rochelle

Posted by on Sep 3, 2011

J’arrive à La Rochelle par le premier TGV. Pour une fois, plutôt que de monter directement dans le TER pour Fouras, je décide de profiter d’avoir pris très peu de bagages pour me promener un peu.

Le centre-ville ressemble à un élevage de parisiens en plein air. Je ris beaucoup — puis, rapidement, je me lasse. Je décide d’aller vers le port des Minimes voir de vrais bateaux, pas des yachts ou des vieux grééments à la con.

En partant je croise un routard. Pas un clochard, non. Un type avec un gros sac de campeur et un chien, qui marche d’un pas résolu. Il porte un sac à dos qui contient toutes ses possessions. Je porte un sac à dos qui contient juste quelques vêtements et des appareils électroniques, parce que je vais dans une maison qui contient déjà un double de toutes mes possessions.

Il a l’air bourru mais pas aigri. Sa vie est dure, sans doute, mais il ne se plaint de rien. Il marche. A un moment il se posera pour manger, et il repartira ailleurs. Libre.

J’entame la phase ‘Mais arrête ton char, c’est sans doute pas bien romantique de dormir dans la rue’ au moment où nous finissons de nous croiser.

Derrière lui marche une vieille rombière en parodie d’uniforme de Versaillaise, qui l’insulte sans discontinuer, s’adressant autant à lui qu’à moi et la cantonade : ‘…ce sale dégueulasse ! Avec son chien affreux ! Et son sac infect ! Et sa gueule ! Et sa casquette…’

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A lire sur NO ΛΟΓΟΣ, la suite et la fin du Complexe du nomade.

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Horaires d’été

Posted by on Août 11, 2011

Je profite du calme plat des mois d’été pour procéder à quelques menus travaux d’entretien.

Le travail relevant directement de l’université se trouve délocalisé sur une plateforme mieux adaptée ; si jamais ma thèse vous intéresse (on ne sait jamais), vous pourrez suivre l’avancée de mon travail sur Le texte en miettes, un carnet de thèse aimablement hébergé par hypotheses.org.

Ici, pendant ce temps, on s’adapte. C’est l’été, moins de brutalité, plus d’alcool — une digression, comme au bon vieux temps.

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Les dimanches

Posted by on Août 7, 2011

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BD par Killofer. Sauvagement découpé dans Le Tigre de janvier 2011.

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