La suite
http://www.flickr.com/photos/iboy_daniel/79150576/
Il paraît que plus personne ne lit de blogs :
I’ve noticed something.
No one is reading blogs anymore.
This blog still gets around 6,000 hits a day, but I suspect most of those are Google search results or people clicking through their reader by default. Not actually reading.
You don’t read blogs. I don’t read ’em. No-one does.
Which is great news.
Je suis bien d’accord, c’est une excellente nouvelle — on va peut-être pouvoir se détendre un peu, par ici.
Je vais essayer de faire simple. Avec toute l’affection que j’ai pour vous, chers lecteurs (je pense que je vous connais tous les six par votre prénom, depuis le temps), je dois néanmoins vous avouer que je ne suis pas tout à fait satisfait. Rassurez-vous, ce n’est pas vous, c’est moi
Chaque post me demande un effort important. Des soirées entières à écrire, relire, corriger, GOTO 10. Et je ne suis pas content du résultat. Trop long pour du pop corn, trop court pour être vraiment consistant. Trop désinvolte pour être pris au sérieux, trop chiant pour séduire. Je fais de mon mieux, hein, mais souvent ça se sent que personne ne me relit avant publication et que je fais tout moi-même. Je sais bien que ça aurait été mieux si j’y avais passé plus de temps — oui mais, voilà, j’y passe déjà beaucoup trop de temps *pour un blog*.
A l’arrivée, quand enfin le post est fini / illustré / mis en page, je dois encore me battre pour l’attention du lectorat, au beau milieu d’une foule invraisemblable d’articles excellents et/ou racoleurs postés en permanence sur twitter, le tout sans être capable de donner une ligne éditoriale claire à ce site, ou même juste un putain de thème, une description, n’importe quoi.
Autant vous dire que mes efforts, pour être courageux, ne sont guère payés en retour. Je commence à être un peu las.
Il y aurait bien une solution : franchir le pas. Arrêter de minauder, ni dedans ni dehors, et faire enfin exactement ce que je veux, c’est-à-dire une revue. Hors du web, loin. Sur du papier.
Après de multiples tentatives avortées (toi à qui j’ai promis monts et merveilles, ces dernières années et à maintes reprises : pardon), celle-ci sera la bonne.
Début 2012, on se retrouve ici même pour le lancement de BRUTAL, le zine de NO ΛΟΓΟΣ.
Soyez prêts.
Quote : Noisy Decent Graphics — No one is reading anymore
Photo : Doug Wilson
8 Comments
Tom Cantor
6 octobre 2011J’emprunte tes mots et je les fais miens, à 100%. On fait tout tout seul de l’écriture à la correction à la relecture (deux, trois, quatre, cinq fois) à la mise en page (retouche du CSS, insatisfaction globale et permanente) et l’envie est ailleurs : chez toi (et moi) celle d’un truc en papier, mais aussi pour moi celle de quelque chose de collectif. J’en ai marre des blogs, du mien bien sûr en particulier, et d’écrire pour dix personnes que je connais déjà.
Legion
7 octobre 2011Ah oui, la frustration du blogueur, passer des heures sur des textes pour au final un résultat médiocre qui n’intéresse pratiquement personne, je connais bien.
Récemment j’avais essayé de rouvrir un blog de critiques de films, en bilingue français/anglais — je n’ai pas tenu trois films.
Tom Cantor
7 octobre 2011Sauf que c’est trop facile de dire « un résultat médiocre ». Personnellement, je suis plutôt content, en général, de ce que je publie, et c’est pour ça que j’y passe du temps. Et c’est précisément ça qui est désespérant : bosser beaucoup pour très peu de monde et très peu de résultats tangibles. Un blog est invisible aujourd’hui. En 2005 encore, il ne te fallait que quelques semaines pour faire une percée quand tu écrivais un peu régulièrement et avec un peu de nerf. Par percée, j’entends créer du mouvement, de l’échange, évidemment, ça n’a rien de commercial, ça touche simplement à la vie, intellectuelle, intelligente ou non…
claudia
7 octobre 2011Sans entrer dans ce problème évident de lisibilité, j’ai (nous avons) moins aimé lire des blogs pour leur interactivité que pour leur simplicité éditoriale, la personnalité parfois appliquée mais parfois légère, changeante, qui se dégageait derrière la narration. Le tout est lié à la facilité et le moindre coût de publication bien sûr, mais ça ne veut pas dire qu’on lisait de la merde, j’imagine qu’on est tous d’accord. Mais du coup Une revue n’a jamais été et ne sera jamais un palliatif à ça je crois. Enfin je vais pas verser ma petite larme, à l’heure actuelle je suis 9 blogs, dont deux vont disparaître si j’ai bien compris. Pas grave, je me rabattrai sur la revue !
(D’ailleurs la distrib tout ça, c’est décidé ou c’est en fermentation ?)
Tyran
10 octobre 2011Fervente lectrice de revues, et globalement déçue de l’offre actuelle, je ne peux qu’encourager la création d’un support papier pour No logos. Pour dire ça simplement, ça m’excite vachement, même.
Mais ça ne m’empêche pas d’aimer le support « blog », parce que c’est « sur le vif », même si c’est préparé, et qu’il y a un petit supplément d’âme « gratuit » (‘je ne suis pas pigiste, je fais ça POUR LE PLAISIR’).
Martin
11 octobre 2011Apparemment je me suis mal exprimé : je me doute bien que si je ne passionne pas les foules sur internet, c’est pas en demandant du pognon pour mon fanzine que je vais rencontrer la gloire. Par contre, cette fois, je ne publierai rien avant d’avoir fait exactement ce que je voulais. Et même si tout ça est très symbolique, j’aurai au moins l’impression d’avoir donné un peu de valeur à ma production.
Ca ne veut pas dire que NO ΛΟΓΟΣ ferme. Ca veut dire que je n’y publierai plus les textes qui m’auront demandé beaucoup de travail. Il y aura toujours des liens et des images et de petites choses spontanées – des contenus qui ont leur place sur un blog.
Et puis il y aura aussi, peut-être, les textes qui parlent du web mais sont trop destroy pour avoir leur place sur hypotheses.org. Parce que s’il y a bien un sujet qui intéresse le web, c’est le web.
François
11 octobre 2011Oué !
Benoît Perrier
13 octobre 2011Comme on dit par chez moi, «on se réjouit».
Je vois cela dit, à travers de nombreux projets d’édition et via l’engouement anglo-saxon retrouvé pour la forme longue journalistique – voire l’essai court – (longform et autres, potentialisés par instapaper et les tablettes), un retour enthousiasmant de l’objet revue ou, à tout le moins de certains de ses paramètres de lecture associés. Or, cette résurgence me paraît favoriser une consommation plus réfléchie, posée et moins en flux que l’ingestion entre deux feuilles Excel d’un blog post bien pesé et bien senti. Le tableur s’en fout mais il m’arrive souvent de me dire que ce que je viens de lire aurait gagné à bénéficier, sinon de plus d’attention, du moins d’une attention de meilleure qualité, et surtout d’une période de blanc qui suivrait, lieu où se pourrait débuter une sédimentation. Une sensation – j’y arrive enfin – qui souvent m’étreignit ici.
Bon vent donc à la fabrication de Brutal, d’ici qu’il repose entre nos mains.