L’étrangeté du mal
Cette semaine, je traduisais des documents autour du procès d’Eichmann, pour une exposition qui se tiendra bientôt au mémorial de la Shoah.
J’ai beau être historien de formation, spécialiste de l’Allemagne contemporaine d’ailleurs, je n’arrive jamais à réprimer le sentiment d’absurdité, d’étrangeté totale que m’inspire le nazisme. Il y a quelque chose de pas sérieux, voire de comique chez ces caricatures d’hommes, je veux dire l’archétype de l’homme dans ce qu’il a de plus mauvais. Tout, de leur interminable nomenclature militaire à leur bureaucratie pléthorique et mal fichue, en passant leur symbolique grossière — la simple ampleur de leurs desseins criminels les rangeraient plutôt, en théorie, dans la catégorie des méchants d’opérette.
Et pourtant, notamment grâce au zèle ahurissant d’Eichmann, ils ont largement mené à bien une entreprise de destruction qui ne me terrifie non pas tant par son ampleur que par sa possibilité. Le fait qu’un groupe d’hommes somme toute restreint puisse commanditer des rapports sérieux sur des idées aussi loufoques que l’envoi de tous les Juifs à Madagascar, puis décider de les exterminer tous, et enfin entreprendre de le faire me rend malade à un point que le nombre de leurs victimes n’explique pas.
Je pense que c’est pour cela que je me suis tenu loin du nazisme pendant mes études d’histoire : j’ai toutes les peines du monde à porter un regard d’historien sur une période si profondément grotesque.
Là, c’était pire. Se faire la voix d’Eichmann racontant les petites luttes de pouvoir internes, ou expliquant les graves soucis que lui avaient causé la rédaction des invitations à la conférence de Wannsee — diese Sache, comme il dit — s’est révélé bien plus éprouvant que je ne l’imaginais quand j’ai accepté le boulot.
Slavoj Žižek, Vous avez dit totalitarisme ?
Le brutalisme avance
Oui, le brutalisme avance, et d’un pas inexorable, encore : les furieux de Gonzaï nous font l’honneur de publier le manifeste brutaliste dans leur édition de cette semaine.
Vous y trouverez, en bonus, quelques révélations sur les membres du Comité invincible.
Photo : Tim
PEINTURE FRAÎCHE
24/02, 23h : Je commence à basculer le nouveau NO ΛΟΓΟΣ sur nologos.net. C’est la nuit, le site a fermé ses portes il y a plus d’un mois, personne ne va venir m’embêter, hein ?
24/02, 23h45 : Je découvre un problème avec Fancybox qui empêche les présentations de s’afficher correctement. Pas grave, on verra ça plus tard.
25/02, 1h : @temptoetiam, noctambule notoire, découvre le nouveau site et, devant tant de qualité, ne peut s’empêcher de tweeter des liens vers deux articles, Athéna Beauté (Institut) et la présentation sur l’architecture procédurale (avec laquelle je bassine tout le monde depuis deux mois).
25/02, 1h10 : Boulet en personne retweete le lien vers la présentation.
25/02, 1h12 : les cris d’agonie de mon serveur sont entendus jusqu’à 500m du datacenter, selon des témoins.
[…]
25/02, 12h30 : Après un stage accéléré en optimisation de bande passante, nologos.net est à nouveau up. Nous sommes immarcessibles
Bref, installez-vous tranquillement, faites pas attention au bordel, je finis de ranger.
Tout et bien plus encore
Mon excellent camarade Tom Cantor a mené à bien une tâche dont je peine à imaginer la difficulté (de meilleurs que nous ont sombré dans la folie pour moins que ça) : traduire David Foster Wallace.
Je vous invite à découvrir la merveilleuse lettre ouverte que le traducteur adresse à l’auteur.
Tout et plus encore, une histoire compacte de ∞ vient de paraître chez Ollendorff & Desseins.
Cœur de toner
Permettez-moi de vous faire faire le tour du propriétaire.
Dans Full Auto sont rassemblés les textes et les projets tournant autour du TAL, c’est-à-dire, en général, ceux auxquels je travaille dans le cadre de mon doctorat. Vous pouvez notamment y consulter les slides de présentations que j’ai faites ces derniers mois, sur le concept de document sur le web et l’architecture procédurale.
Dans Semi Auto, vous trouverez quelques pages ayant trait à mes activités professionnelles, par exemple pour présenter les traductions intéressantes sur lesquelles je travaillerai.
Dans Manual, enfin, sont rangés les contenus habituels de NO ΛΟΓΟΣ : petites fictions, jets de venin et potacheries diverses.
Oui, c’est encore un peu vide pour l’instant. Les anciens textes reviendront petit à petit, quand j’aurai le temps de les faire rentrer dans les nouveaux templates. Pour l’instant, je me concentre sur l’aménagement d’une section ‘Guests’, pour remettre en ligne au plus vite les posts de Roger et du voyageur égaré.
Ca ne veut pas dire qu’il n’y a rien à se mettre sous la dent. Je vous recommande deux textes que j’avais écrit en 2010, sans jamais avoir l’occasion de les publier jusqu’à présent : un reportage sur le mystérieux Institut de Beauté Intérieure, et une petite pochade pondue cet été, dans l’isolement le plus total. J’ai aussi entamé un nouveau feuilleton, intitulé « La gueule que tu mérites » et qui explorera, un sourire goguenard aux lèvres, des idées follement modernes comme le personal branding, la vie privée, et la société de surveillance.
Un peu à l’écart, dans les dépendances, il y a le blog que vous lisez en ce moment-même.
Je cite mes notes :
Le ton du blog sera léger, le contenu digeste, les updates fréquentes
Je serais vous, je m’abonnerai séance tenante au flux RSS.
Vous noterez enfin, aussi curieux que cela puisse paraître, que les commentaires du blog sont grands ouverts — sans la moindre contrainte, sans règles perverses, sans bizarrerie d’aucune sorte. Allez-y, faites péter la syntaxe, on n’attend plus que vous.
Bienvenue.
NO ΛΟΓΟΣ, saison 7.5 — C’est parti
Disons simplement que ça a été éprouvant.
Allez hop, en route pour de nouvelles aventures.