Paris, 2016
Rue de Lancry. Je sors d’un déjeuner dans un des multiples restos néoclassiques du coin. La souris d’agneau était exquise, la fille de mes amis a eu de l’écrasé de pommes de terre et des petits pois (« Non monsieur, nous n’avons pas de frites. »).
Au coin de la rue Yves Toudic, un graffeur manifestement autorisé est perché en haut d’un escabeau. Il est très appliqué, c’est du sérieux. Il a fini l’esquisse – je découvre à cette occasion que la bombe bleu ciel, c’est le fusain du graffeur – et s’apprête à entamer la fresque elle-même.
L’artiste s’arrête un instant pour consulter son modèle avant de donner le premier coup de bombe. Avec lui, il y a une nana qui le regarde / l’encourage (je ne peux pas m’empêcher d’imaginer que c’est sa productrice ou quelque chose comme ça), ainsi qu’un type en bonnet qui essaie désespérément d’avoir l’air cool et passe son temps à bidouiller une GoPro (je décide que c’est l’assistant). Les deux subalternes sourient. On fait vraiment des métiers formidable, quelle chance de pouvoir assister en direct à l’acte de création, que de frissons, que de beauté.
Au pied du mur en train d’être peint, un matelas et une masse informe d’édredons sous laquelle je finis par comprendre qu’un type dort.
Photo : Lauren Rauk