Jour 3
Depuis fin 2013, je développe une application d’analyse textuelle pour un cabinet de conseil. Ils sont venus me chercher au bon moment : j’arrivais en fin de contrat au CNRS et l’ANR suivante ne m’inspirait guère, j’avais envie de redevenir freelance et de quitter Paris. Je voulais de l’opérationnel après trois ans à la fac. J’ai sauté sur l’occasion – j’ai dit adieu à mon bureau de Nanterre et je suis reparti à l’aventure. Je pensais que ça prendrait six mois à tout péter.
J’ai tout fait, tout seul, comme toujours : choix techniques, réalisation du premier proto, transformation en produit robuste, déploiement, tests, doc, etc. La totale. J’ai lu des tutos, des livres, des cours en ligne à ne plus savoir qu’en foutre. Evidemment ça a pris un peu plus longtemps que prévu. Aujourd’hui les semaines et les mois et les heures d’un labeur éreintant portent leurs fruits, ça tourne, on a des clients, tout va bien. Super. Mon premier réflexe : le travail est fait, je peux partir. J’ai annoncé que je passerai le relais dans les mois qui viennent.
Tout plaquer pour repartir à zéro, encore une fois. Je ne sais pas vivre autrement. Cette fois je suis resté jusqu’à ce que ça marche pour me convaincre que je n’étais pas encore en train de craquer dans la dernière ligne droite.
Plusieurs enfants, surtout petits, ça condamne à rationaliser. Il n’y a plus de place pour l’héroïsme, la vie devient une question de logistique. C’est pas bandant mais ça marche.
Il serait désolant que ces innombrables nouveaux départs ne m’apprennent rien sinon des compétences. Cette fois, au lieu de foncer tête baissée, j’ai décidé de réfléchir un peu et d’essayer quelque chose de neuf : je vais accepter de l’aide. Un peu.
Photo : « A technical study of the form toner and its interactions with its containers »