Digital Humanities x Internet Literature

Posted by on Mai 19, 2011

« What is internet literature? »

While eating breakfast the other day, I thought it might be funny to go to ask.com and pose the question, “What is internet literature?” I thought it’d cause a few giggles, and I thought that perhaps it would result in something I could screen-cap to submit for Internet Poetry. I mean, the fact that I typed “askjeeves.com” into my browser alone I found to be ironic, because when I think of AskJeeves, I think of 2002.

Well, AskJeeves is now just Ask.com, I guess, and it turns out that the first search result actually proved relevant. The page is from February 18th, 2004–by now this should read as antiquated, right? The speed of technology arguably renders us far further into the future; between 2004 and now–than any time before. But despite a few caveats, the definition here seems to me far more interesting in consideration of capabilities than anything that would seem to actually define “internet literature.”

M Kitchell, Expanded Literature Part 1: Internet Literature

Parfois moi aussi j’ai la nostalgie des années 90, et même du début des années 2000 : on essayait des choses. Je me souviens d’Apparitions inquiétantes, le feuilleton hypertextuel d’anacoluthe.be. Je me souviens d’avoir vu des sites où des pionniers du JS animaient le texte. Je me souviens d’avoir vu des mots clignotants faits en GIF animés, au milieu d’un texte.

Quand je me suis lancé, timidement, à l’extrême fin des années 90, je voulais aussi expérimenter. J’ai fait des bande-dessinées, des détournements, de longs récits fragmentaires et déstructurés. Je voulais des parcours thématiques et chronologiques. Où est-ce que tout cela est passé ? Comment en sommes-nous arrivés à tous tenir des blogs identiques ?

Et encore, les blogs sont longtemps restés un espace d’expérimentation valable, en particulier sur le personnage, sur le réel et le fictif. Il y avait encore ce sentiment d’être un pionnier, la fierté de mettre les mains dans le PHP et de faire nos thèmes WordPress nous-mêmes. C’était laid, ça marchait pas bien, mais bon sang nous l’avions fait nous-mêmes, du sol au plafond.

Petit à petit, nous sommes rentrés dans le rang. Nous avons tout nettoyé. Il fallait à tout prix que ça fasse moins amateur, plus professionnel. Je remarque que ça a à peu près coïncidé avec l’abandon de nos pseudonymes.

I guess the point of this, in breaking down what 2004 declared as internet literature, is my positing a question: Why, when we clearly have the capacity, without changing any of the available technology, to create expanded works of literature on the internet, are we simply using the internet the same way we would be using the printed page? […]

I believe that it’s not a futile gesture for someone who considers herself a ‘writer’ to study design as often as studying grammar, to learn Adobe Creative Suite simultaneously with word processing, to learn HTML alongside spelling. Literature is, arguably, communication – why refuse to expand the tools you have to communicate with?

Alors oui, moi aussi je vous appelle : faites moche, faites buggé, mais codez vous-même. Redevenons des praticiens, et non plus seulement des utilisateurs.

« What are Digital Humanities? »

Bizarrement, des questions similaires se posent à l’université. Au milieu de l’incessant débat épistémologique sur les Digital Humanities, un pavé a récemment été jeté dans la mare par Stephen Ramsay :

As humanists, we are inclined to read maps (to pick one example) as texts, as instruments of cultural desire, as visualizations of imperial ideology, as records of the emergence of national identity, and so forth. This is all very good. In fact, I would say it’s at the root of what it means to engage in humanistic inquiry. Almost everyone in Digital Humanities was taught to do this and loves to do this. But making a map (with a GIS system, say) is an entirely different experience. DH-ers insist — again and again — that this process of creation yields insights that are difficult to acquire otherwise. It’s the thing I’ve been hearing for as I long as I’ve been in this. People who mark up texts say it, as do those who build software, hack social networks, create visualizations, and pursue the dozens of other forms of haptic engagement that bring DH-ers to the same table. Building is, for us, a new kind of hermeneutic — one that is quite a bit more radical than taking the traditional methods of humanistic inquiry and applying them to digital objects. Media studies, game studies, critical code studies, and various other disciplines have brought wonderful new things to humanistic study, but I will say (at my peril) that none of these represent as radical a shift as the move from reading to making.

Stephen Ramsay, On Building

Sous sa forme la plus radicale, cet impératif de « création » devient un impératif de programmer soi-même, dès lors qu’on prétend s’occuper de digital humanities.

C’est un avis que je partage. J’ai appris la programmation assez tard (il y a deux ans), et j’ai donc passé dix bonnes années fasciné par le net et ses possibilités, mais incapable de vraiment le comprendre. Les balises HTML c’est facile, mais dès que je tombais sur du PHP ou du JS, j’étais perdu. Il me manquait des concepts fondamentaux – j’étais comme perdu au Japon, capable de lire les kana mais incapable de comprendre un kanji.

Savoir coder – même de simplement dans le principe, je veux dire comprendre une variable, une boucle, une condition, etc. —, c’est comme savoir lire ou écrire. Ca modifie à jamais la perception qu’on a du monde : beaucoup de choses qui me paraissaient floues sont désormais limpides. Beaucoup de questions ne se posent plus.

Là encore, j’appelle mes camarades d’info-com / media studies à devenir des praticiens. Sinon ils abandonneront le terrain aux ingénieurs qui se mettent à théoriser (ce qui n’est pas un problème en soi, le problème c’est qu’ils soient seuls à mettre un pied de chaque côté, dans la théorie et dans la pratique).

§

3 Comments

  1. Legion
    19 mai 2011

    Il m’est apparu récemment que l’efficacité d’un médium dépend directement de sa simplicité, car la dispersion associée au multimédia exclut d’être à la fois un spécialiste et un auteur, ne laisse plus le choix qu’entre l’amateurisme et l’artisanat.

  2. claudia
    19 mai 2011

    Tiens j’ai pas souvenir d’un nologos moche.

    A moment donné certains blogueurs passaient plus de temps à bidouiller leurs sites qu’à proposer du contenu, et ça n’était pas plus intéressant. Ce que je regrette personnellement est la faiblesse des associations sons/textes (plus que textes/images d’ailleurs, où l’on trouve de chouette choses) : les deux sont juxtaposés comme l’on mettrait un cd dans un bouquin, ou du texte dans une pochette de disque, mais les interactions de l’un à l’autre sont finalement peu exploitées.

  3. Gilles Delouse
    1 juin 2011

    Tout à fait d’accord sur la programmation. Ayant moi-même suivi une formation d’ingénieur, et avec les pieds de chaque côté, je constate avec mes collègues de Poisson Rouge qui eux n’ont jamais bouffé de code l’importance de maîtriser le média sur lequel on s’exprime.

    Sans parler du fait que c’est en cessant d’être des utilisateurs, c’est à dire des consommateurs sans conscience, qu’on peut commencer à devenir citoyen.