À ses héros anonymes, un pirate reconnaissant
Ceux qui postent des ‘mega-packs’ de films avec Patrick Swayze sur Usenet font le travail des programmateurs de festivals de cinéma. Ils le font modestement, gratuitement et par plaisir.
De même, les fansubbeurs traduisent, certes, mais leur principal accomplissement est d’ordre éditorial — ils font le travail des distributeurs. Ils choisissent des séries en fonction de leur goût et de l’identité de leur groupe, avec l’espoir qu’elles intéresseront leur public.
Pour simplifier, on peut désigner ces deux types de collectifs du nom de release groups. Ces groupes plus ou moins souterrains jouent un rôle fondamental dans la diffusion des produits culturels, en particulier la culture populaire. Or les seules choses un peu construites que j’ai pu lire à leur sujet tombaient dans deux catégories : d’un côté, les sempiternelles questions économiques et de propriété intellectuelle autour de la création de valeur par le gratuit ; de l’autre, les questions de logistique (comment un épisode de Naruto peut-il se trouver traduit assez correctement en anglais moins de 48h après sa première parution ?) et de clandestinité (articles pédagogico-sensationnalistes sur ‘the scene’, les top sites, etc.) — les conditions de production.
Qui chantera la légende des release groups — je veux dire ceux qui se battent sur la qualité de leur politique éditoriale, et non sur la rapidité ? Des années avant Asian Star, c’est pourtant [ECHiZEN] qui m’a fait découvrir le cinéma coréen et hong-kongais qu’aucun distributeur européen n’osait me montrer. De même, quand j’ai voulu découvrir des films des années 80-90 injustement méconnus, j’ai vite compris que je pouvais télécharger les yeux fermés tout torrent taggué « A BeefStew Release ». Et sans le discernement de Nerae, combien de temps m’aurait-il fallu pour découvrir Mushishi ?
J’en profite pour souhaiter la petite vérole et des week-ends de baby-sitting non rémunérés à ceux qui postent des .rar protégés par un mot de passe sur alt.binary.movies