Les sirènes

Posted by on Juil 21, 2016

le radeau de la Spree

A Berlin, à un moment, je me suis assis au bord de la Spree entre deux métros, histoire de ne pas arriver trop en avance au rendez-vous fixé par mon ami. Je regardais passer les bateaux quand soudain est arrivé une sorte de radeau en palettes, avec un petit moteur et un cabanon posé dessus. C’était trop la classe alors le deux types assis à côté et moi avons fait de grands gestes pour montrer notre enthousiasme.

Une des passagères du fabuleux radeau a crié quelque chose en retour que, sur le moment, j’ai cru avoir mal entendu. Et pourtant je ne me trompais pas : deux minutes plus tard, il avait fait demi-tour et revenait pour nous proposer de monter. Les deux types à côté desquels j’étais assis se sont précipités pour jeter leurs vélos par dessus la balustrade et monter à bord, j’ai décliné. Trop vieux, trop raisonnable, plus assez confiance en moi ni en mon allemand.

C’était une belle métaphore de mon séjour. La ville m’a tendu les bras, mais j’hésite encore. Pour que mon fils puisse entrer dans une école bilingue, il faudrait qu’on commence maintenant à plier bagages, et je ne sais pas si j’ai envie de jeter tout de suite par la fenêtre tout ce que j’ai construit ici à grand peine pendant trois ans.

(Et puis il y a eu la discussion avec la directrice de l’école – « Vous savez monsieur, les parents trouvent toujours ça formidable les enfants bilingues, mais c’est bien de se demander aussi ce que veulent les enfants. »)

Ca ne veut pas dire qu’on ne partira pas, ça veut simplement dire que ce ne sera pas une fuite, dans la mesure où on a encore le choix. Je voudrais prendre le temps de me tremper un peu les pieds avant qu’on se jette à l’eau, pour que ce soit un vrai départ et non une expatriation de connard qui prend le monde pour son terrain de jeu.

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